Rexia (Vénissieux)
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Rexia est une société d'ingénierie et de conseil, spécialisée dans le service aux entreprises industrielles.

Créée en 2012 par 7 anciens consultants, elle compte aujourd’hui 40 salariés. Reconnue pour les démarches de Qualité de Vie au travail (QVT) qu’elle met en œuvre depuis plusieurs années, Rexia a notamment été nommée aux Trophées du Comptoir MM (Malakoff Médéric) de la nouvelle entreprise dans la catégorie Qualité de Vie au Travail en 2018 et a reçu le titre d’entreprise bienveillante du territoire Sud-Est aux Trophées PME RMC en 2017

Aujourd’hui, l’entreprise a choisi de faire un nouveau pas et de s’interroger davantage sur son impact environnemental.

Dans le cadre du projet partenarial « Passage, entreprises en transition » - qui explore les liens entre écologie et travail, nous avons recueilli le témoignage d'Eric Jabret, associé fondateur et directeur des ressources humaines.

Tout d’abord, pourriez-vous nous décrire votre activité en quelques mots ?

L’offre de Rexia est structurée en 3 axes :

  • Rexia consultants : avec des ingénieurs qui s'intègrent dans des projets chez le client. Les projets vont de 3 mois minimum jusqu'à plusieurs années. Selon la teneur du projet et les compétences déjà présentes en interne, nous « affectons » l’un de nos consultants ou nous recrutons pour satisfaire le besoin de l’entreprise cliente.
    Dans ce deuxième cas, nous privilégions le CDI, qui représente 95% des contrats de travail de nos effectifs.  Les 5% restants sont en CDI de chantier. Le choix entre CDI et CDIC se fait en fonction du marché ou des compétences. Par exemple, nous n'avons pas toujours les moyens d'embaucher en CDI des consultants aux compétences rares mais nous savons que ces personnes n'auront pas de difficulté à trouver un emploi par ailleurs une fois leur mission remplie chez nous.
     
  • Rexia conseil : nous menons également des activités de conseil auprès des entreprises, principalement sous la forme de diagnostics qui peuvent ensuite déboucher sur un accompagnement.
     
  • Rexia formation : nous proposons également à nos clients des formations axées sur du "blending learning". Cela signifie que la partie théorique de la formation se fait d’abord en e-learning et l'autre partie, axée sur l’application pratique, se fait ensuite en présentiel avec des formateurs expérimentés.
    Cette offre est assez récente puisque nous l’avons développée il y a 2 ans mais elle tend à être renforcée suite à la crise sanitaire de la Covid-19.

❝ En fondant Rexia, nous avons donc voulu rechercher quelles étaient nos valeurs communes : le respect, le travail en équipe et la satisfaction client. ❞

En ce qui concerne votre organisation interne, qu’est-ce qui vous a amené dans cette voie de la QVT ?

Nous sommes allés vers la QVT déjà pour nous-mêmes. Rexia a été créée par d'anciens consultants et nous avons pensé notre entreprise en miroir de notre vécu de consultants dans des agences plus classiques qui ont, à juste titre, mauvaise réputation auprès des jeunes ingénieurs comme des anciens.
En fondant Rexia, nous avons donc voulu rechercher quelles étaient nos valeurs communes : le respect, le travail en équipe et la satisfaction client.

Nous avons réussi à faire du travail en équipe une réalité, ce qui est rare dans notre secteur ! Notre organisation nous permet d’être en capacité de faire sortir ponctuellement nos consultants de leur mission pour aller aider un collègue en difficulté. La coopération entre nos salariés existe bel et bien.

Pour ce qui est du respect, le secteur de la prestation de service a très mauvaise réputation. On parle même parfois "d'esclavagisme moderne". Nous avons donc décidé d’une politique RH véritablement fondée sur cette notion de respect. Nous apportons beaucoup d'importance à la bienveillance, qui, attention, ne veut pas dire « laisser-faire ». Cela suppose d'avoir des exigences tout en laissant la place au droit à l'erreur et à l'ajustement.  Nous avons d’ailleurs été récompensés d’un trophée régional autour de cette notion de bienveillance. En cela, nous nous démarquons véritablement dans notre secteur d’activité. 

Enfin, en ce qui concerne la satisfaction clients, nous avons atteint un niveau de qualité de prestation qui est au-dessus de certains de nos concurrents. Mais cela n'a pas forcément d'impact sur notre attractivité auprès des acheteurs qui restent plutôt tournés vers l’aspect volume/prix. Comme notre métier consiste à vendre de la matière grise, nous avons fait le choix d’une capacité de recrutement importante qui nous permette de proposer un plus large choix de consultants disponibles à nos potentiels clients.

Partant de tout cela, nous essayons désormais d’aller un peu plus loin vers la Qualité de Vie au Travail. C'est un facteur de fidélisation de nos salariés mais aussi de facilitation pour le recrutement.
Nous avons je crois, réussi à créer un véritable sentiment d'appartenance à Rexia !

❝ La QVT nous a permis de réfléchir sur [bon nombre de] sujets, d'abord en ordre dispersé. Aujourd'hui notre volonté c'est de structurer ces initiatives autour d’une démarche globale. ❞

Avez-vous quelques exemples concrets d’actions à nous donner ?

La principale difficulté du travail de consultants, ce sont les déplacements. Nous travaillons essentiellement en périphérie de villes. Parmi les raisons invoquées lorsque les consultants souhaitent quitter leur mission, on retrouve très souvent cette question de la mobilité forcée et des difficultés à maintenir une vie de famille dans ces conditions. Nous essayons donc de faire travailler les gens à proximité de leur métropole de rattachement. C'est le cas pour 90% de nos salariés. Ce n'est pas une promesse et ce n’est bien sûr pas toujours possible mais nous tentons de faire au mieux.

Il est vrai que la situation actuelle ne nous permet plus de maintenir cette politique de façon aussi forte mais nous souhaitons revenir à ce fonctionnement dès que possible. Par ailleurs, nous nous sommes construits sur un modèle de développement local avec des contrats de travail régionaux. Si à l’avenir nous décidons de nous développer au national, nous souhaitons conserver cette politique.

Par ailleurs, nous avons signé la « charte de la diversité » avec le réseau « Entreprises Pour La Cité ». En effet, notre seul critère pour le recrutement, ce sont les compétences. Cela veut parfois dire d’aller contre les freins exprimés par nos clients, par exemple sur l’âge de nos consultants. Cela demande des vérifications permanentes, de s'assurer que cette politique est bien respectée à tous les niveaux chez Rexia, notamment par nos commerciaux en charge de proposer des consultants à nos clients. Par exemple, une salariée qui est enceinte, c'est une bonne nouvelle, pas un problème : nous sommes attentifs à ce que nos manageurs l’entendent comme ça.

Nous avons également un engagement au sein de la « Charte des 1000 » avec d’autres entreprises de la métropole de Lyon qui souhaitent s'impliquer sur le territoire dans une dynamique d'emplois et de développement local. Cela fait aussi partie de notre axe QVT. Nous intervenons par exemple dans des lycées pour faire découvrir nos métiers.

Nous nous différencions aussi avec notre politique de management en clarifiant les rôles de gestionnaires de compte et de manageurs d'équipe. Cela permet aux salariés d'être plus à l'aise quand ils rencontrent des difficultés ou quand il s’agit de faire évoluer leur carrière. Cela permet également de faire monter en compétences des consultants sur l'encadrement d'équipe, ce qui est intéressant pour leur parcours professionnel, comme pour nos clients. Alors bien sur nous pouvons progresser encore car cette politique n’est pas toujours aisée à mener mais nous avançons en confiance, l'essentiel étant d'être entourés de personnes de bonne volonté.

Nous essayons par ailleurs d'agir sur l'employabilité. Par exemple, nous avons fait certifier 2 personnes en PMI (Project Management Institute) sans contrepartie ou engagement particulier vis à vis de l’entreprise ; alors qu’il s’agit tout de même de formations longues et couteuses. Notre volonté c'est que nos salariés restent employables en dehors de Rexia tout en facilitant leur placement chez les clients.

Enfin, la qualité de vie au travail passe aussi par une politique salariale intéressante avec la mise en place d'une participation dès la deuxième année de la création de Rexia.

Alors bien sûr, il nous reste des progrès à faire sur d’autres sujets. Nous nous y attelons progressivement.
Par exemple, la question de la lutte contre le sexisme ordinaire qui a du mal à être comprise par certains. C’est pourquoi nous avons décidé de faire suivre une formation à nos manageurs et employés.
Je pense aussi à la mise en place d’une offre de mécénat d'entreprise pour nos salariés. Elle n'est pas encore effective mais cela fait également partie de nos préoccupations pour l’avenir.

La QVT nous a permis de réfléchir sur tous ces sujets, d'abord en ordre dispersé. Aujourd'hui notre volonté c'est de structurer ces initiatives autour d’une démarche globale.

❝ On voit bien que l'articulation entre QVT et Environnement n'est pas simple mais que les deux vont bien ensemble avec, par exemple, le télétravail qui permet de limiter les déplacements et de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle. ❞

Et sur le terrain environnemental … vous commencez à ouvrir votre réflexion : où en êtes-vous aujourd’hui ? Quelles sont vos orientations ?

La question de notre impact environnemental n’est pas un sujet nouveau, c'est sa prise en compte qui est nouvelle.

Ce n'est pas nouveau car certains de nos collaborateurs sont très sensibilisés à la question depuis longtemps, parfois de par leur formation. Il y a chez Rexia à la fois une vision scientifique et une vision politique de la question environnementale.
Jusqu'à présent, nous ne savions pas trop comment progresser sur ce sujet…

Un des facteur principal de pollution dans notre métier de consultant, ce sont les déplacements. Notre politique est de privilégier le train à l'avion pour les déplacements longs mais cela ne représente malheureusement pas la majeure partie de nos déplacements.

Nous avons choisi de prendre à 100% en charge les abonnements en transports en commun pour nos salariés.

Mais tout cela n'est parfois pas suffisant car nos clients sont des industriels et donc largement implantés en périphérie de ville où l’accès en transports en communs est souvent difficile.

Donc à part ces premiers pas, je dois reconnaitre que nous en sommes encore aux aspects périphériques de la question environnementale. Ce qui nous amène à bouger c'est la discussion avec l'Aract au travers du projet Passage… et aussi l'engagement de certains de nos salariés qui se mobilisent dans ce sens, notamment une élue au CSE qui a depuis longtemps, un engagement personnel sur la réduction des déchets.

On voit bien que l'articulation entre QVT et Environnement n'est pas simple mais que les deux vont bien ensemble avec, par exemple, le télétravail qui permet de limiter les déplacements et de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle.

Avez-vous cherché à inclure cet engagement à votre offre ?

Pour cela il faudrait que nous ayons un discours environnemental plus proactif auprès de nos salariés… mais nous cherchons à développer des projets portant sur ce sujet. Par exemple, nous avons été récemment retenus sur un projet de l'Ademe.

Comment ces deux engagements (QVT et environnement) sont perçus par vos salariés ; est-ce un argument à l’embauche ou pour les fidéliser dans un secteur habitué au turn over ?

L'ensemble de notre politique sur ces aspects est présenté comme un résultat d'entreprise. Cela développe une certaine fierté au sein de Rexia. D’autant que nous sommes dans une logique d'amélioration continue. On essaye de communiquer… Cela a été compliqué au départ sur la QVT, il a fallu expliciter les choses. Aujourd'hui le CSE veille et questionne la direction à ce propos.

Quant au turn-over, comme vous dites, il fait partie du métier de consultant… mais tout de même, l’on constate que les gens restent plus longtemps chez nous que la moyenne du secteur. En tout cas, les collaborateurs expriment un attachement plus important à l'entreprise, cela a été mesuré par un cabinet extérieur. Du coup nous avons des salariés qui sont là depuis la création de l’entreprise, il y a 7 ans.

Et oui, c’est un argument lors des embauches. Nous incitons les candidats à contacter nos consultants avant d’entrer dans l’entreprise et il est vrai que nous avons un taux de cooptation important. Ce sont vraiment des arguments différenciants.  Les candidats sont sensibles à ces aspects, leurs exigences environnementales augmentent et seront surement renforcées par la crise sanitaire actuelle.

Et puis nous avons en tête de rester inclusifs. Tout le monde ne peut pas télétravailler, certains habitent dans des endroits où il n'y a pas de transport en commun, ou à des horaires qui ne correspondent pas à leurs contraintes. Notre réflexion en tant qu'entreprise doit nous permettre de n'oublier personne !

Interview réalisé en juin 2020, par Eliette Darnaud, chargée de mission à l’Aract Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre des partenariats noués pour le projet « Passages - entreprises en transitions »

En savoir +
Sur le projet passage

Béatrice Baudo, chargée de mission
04 37 65 49 95 - 06 24 55 02 06 - b.baudo@anact.fr
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Sur Rexia

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Retrouvez également le replay de la webconférence organisée dans le cadre de la Semaine pour la Qualité de Vie au Travail 2020

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Crise sanitaire : une prise de conscience pour les transitions environnementales et sociales… des entreprises s’engagent